Dans cette infolettre , je vais vous parler de dignité avec légèreté. Depuis quelques années, ce mot, « dignité », a pour moi une saveur spéciale. Souvent, je le sens manquer, comme s’il cherchait son chemin pour être enfin mis à une place centrale dans le débat social, à laquelle il n’a pas encore droit. « Dignité » amène la grâce dans la vulnérabilité. L’universel, dans l’humilité. Son étymologie latine me déçoit. « Dignitas » parle de respect, de convenances, de valeur morale, à tel point que le monde civilisé a créé l’espèce des hauts dignitaires. Son équivalent grec est plus intéressant… une histoire d’axe, de gravité. N’empêche… La dignité à laquelle je pense, n’a pas grand chose à voir avec la supériorité ou les honneurs, aussi mérités soient-ils. Elle aurait plutôt à voir avec la fleur. La fleur est aux hauts dignitaires, ce qu’est le nomade, aux grands investisseurs. Elle ne fait que passer… et au passage, elle t’offre ce visage découvert, par dessus le brin, la branche, qui accordent son coeur au grand Coeur de la Terre. |
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Les fleurs, aussi, sont silencieuses. Elles ne font pas de marketing, ni d’infolettre, pour passer leur message fruitier. C’est à toi qu’il appartient de décider d’un temps accordé à leur contemplation. C’est un risque, d’ailleurs. Ce qu’ offre la fleur peut t’amèner, l’air de rien, au-delà du manifesté. Contempler une fleur, peut bouleverser tes plans. Et, lâcher son programme, ça s’apprend. Voilà pourquoi, fut un temps, j’évitais de regarder les fleurs trop longtemps. J’en viens à l’objet de ma communication… moi qui aime à écrire depuis ma chair tout sauf universitaire, sur ma pratique au nom imprononçable. Moshé Feldenkrais disait : « ce que je cherche, ce ne sont pas des corps souples, ce sont des cerveaux souples, c’est restaurer, en chacun, la dignité humaine ». Dans cette déclaration à laquelle, inlassablement, je reviens – Moshé Feldenkrais évoque indirectement l’apprentissage humain qu’il qualifie aussi d’organique, ou de somatique- de soma, le corps vivant. J’ai conscience que toutes mes infolettres traitent à peu près de cette seule question. |
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Cet apprentissage est fort loin du scolaire. En ses fondements, il est une affaire de sentir, de mouvement, de différenciation. D’expérience, et de maturation. Il est lié à une vertu très précieuse, la curiosité – cette disposition à me tourner vers ce qui n’est pas moi, à explorer cette relation. L’apprentissage dont parle Moshé Feldenkrais, quand sa magie opère, est tel qu’une une qualité de silence se donne à palper dans l’air, mélange d’attention, d’accord des rythmes, de lenteur, et de densité. Je vous invite cordialement à déguster ci-dessous la vidéo où Jérôme Pisani, collègue praticien, présente son travail avec les enfants neuro-atypiques. Une approche et un contexte de pratique qui illustrent à merveille le rêve de Moshé : par le dialogue somatique, l’écoute particulière du corps, l’intelligence kinesthésique…. restaurer la dignité. |
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Pour info, l’association Emergessences distribue Ecouter avec tout son corps, le dernier livre enfin disponible dans sa traduction française, de David Kaetz, écrivain, musicien, et praticien Feldenkrais, que nous espérons à nouveau accueillir au Puy, en 2022. Son remarquable travail sur l’écoute mérite un bouquet d’honneur. Plus de détails ici |
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Merci beaucoup pour votre attention. Et merci, aussi, à toutes les personnes qui avec une grande constance et curiosité ;-), suivent les cours en visio-conférence. Pour conclure, je dirais… ne rien attendre. Simplement, préparer chaque jour, la prochaine saison… Hélène Millardet. NB : l’image en en-tête est tirée de Honeyland, un documentaire macédonien de Tamara Kotevska et Ljubomir Stefanov sur la dernière apicultrice de ruchers sauvages… |
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