Un début d’année, c’est une occasion collective de remettre le curseur à zéro, de créer un vide…
La communauté organise cette vacuité, où chacun peut projeter ses meilleures intentions… l’idée est bonne !
Quoi qu’on ne puisse pas grand-chose pour quelqu’un qui ne veut pas pour lui-même…
et que la plupart du temps, nous oublions de nous souhaiter le meilleur, d’abord, à nous-même !
Nous savons peu, encore, combien cette réalité que nous appelons pour les autres, nous en sommes effectivement co-créateurs, par le pouvoir de notre intention créatrice, qui est une autre façon de nommer la capacité d’imagination. Oui, imaginer, est probablement l’une des plus importantes fonctions de l’être humain… On dit que rien de ce qui existe ici-bas, n’a d’abord été imaginé… Ne sommes-nous pas nous-mêmes, le rêve de la baleine ?
Ecoutez plutôt ce mythe amérindien rapporté par Patrice Van Aersel dans son excellent Cinquième Rêve :
AU DEBUT LE GRAND ESPRIT DORMAIT DANS LE RIEN.
Son sommeil durait depuis l’éternité.
Et puis soudain, nul ne sait pourquoi, dans la nuit, il fit un rêve.
En lui gonfla un immense désir…
Et il rêva de la lumière.
Ce fut le premier rêve. La toute première route.
Loooooongtemps, la lumière chercha son accomplissement, son extase.
Quand finalement elle trouva, elle vit que c’était la transparence.
Et la transparence régna.
Mais voilà qu’à son tour, ayant exploré tous les jeux de couleurs qu’elle pouvait imaginer, la transparence s’emplit du désir d’autre chose.
A son tour elle fit un rêve. Elle qui était si légère, elle rêva d’être lourde.
Alors apparu le caillou. Et ce fut le deuxième rêve. La 2ème route.
Loooongtemps, le caillou chercha son extase, son accomplissement.
Quand finalement il le trouva, il vit que c’était le cristal.
Et le cristal régna.
Mais à son tour, ayant exploré tous les jeux lumineux de ses aiguilles de verre, le cristal s’emplit du désir d’autre chose, qui le dépasserait.
A son tour, il se mit à rêver.
Lui qui était si solennel, si droit, si dur, il rêva de tendresse, de souplesse et de fragilité.
Alors apparut la fleur. Et ce fut le troisième rêve, la 3ème route.
Loooongtemps, la fleur, ce sexe de parfum, chercha son accomplissement, son extase.
quand enfin elle trouva, elle vit que c’était l’arbre.
Et l’arbre régna sur le monde.
Mais vous connaissez les arbres. On ne trouve pas plus rêveurs qu’eux (ne vous amusez pas à pénétrer dans une forêt qui fait un cauchemar). L’arbre, à son tour, fit un rêve. Lui qui était si ancré à la terre, il rêva de parcourir librement, follement, de vagabonder au travers d’elle.
Alors apparut le ver de terre. Et ce fut le quatrième rêve.
La 4ème route.
Loooongtemps, le ver de terre chercha son accomplissement, son extase. Dans sa quête, il prit tour à tour la forme du porc-épic, de l’aigle, du puma, du serpent à sonnette. longtemps, il tâtonna.
Et puis un beau jour, dans une immense éclaboussure …
Au beau milieu de l’océan … un être très étrange surgit, en qui toutes les bêtes de la terre trouvèrent leur accomplissement, et ils virent que c’était la baleine Loooongtemps cette montagne de musique régna sur le monde. Et tout aurait dû en rester là, car c’était très beau. Seulement voilà …
Après avoir chanté pendant des lunes et des lunes, la baleine, à son tour, ne put s’empêcher de s’emplir d’un désir fou.
Elle qui vivait fondue dans le monde, elle rêva de s’en détacher.
Alors, brusquement nous sommes apparus, nous les hommes.
Car nous sommes le cinquième rêve, la 5ème route, en marche vers le 5ème accomplissement, la 5ème extase.
Si nous voulons trouver notre propre accomplissement, notre propre extase, et passer peut-être à la suite du jeu, il nous faut écouter et respecter, comprendre la lumière, le cristal, l’arbre et la baleine.
…Nous ne sommes pas le plus bel animal, nous sommes le rêve de l’animal ! Et ce rêve est encore inaccompli.
Que se passerait-il si nous éliminions la dernière baleine
qui est en train de nous rêver ? »
Que se passera-t-il quand nous imaginerons à chaque instant, pour nous-mêmes et pour le monde, le meilleur qui se puisse imaginer ?